PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE A L’INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS, LORS DE LA SÉANCE MUSICO-POÉTIQUE EN L’HONNEUR DU SAINT JEAN-PAUL II A LA MISSION CATHOLIQUE VIETNAMIENNE
(DIMANCHE 5 OCTOBRE 2014)
Jean Paul II : Un parcours exceptionnel de la fin du XXe siècle
« Visionnaire », « prophète », « mystique », « infatigable voyageur », « éminent moraliste », « remarquable philosophe »… beaucoup de qualificatifs ont été employés à propos de Jean Paul II. Incontestablement, celui-ci restera l’un des plus grands papes du XXe siècle. Il n’a pas eu à ouvrir un concile comme Jean XXIII ou à le mener à son terme comme Paul VI. Mais la fécondité jamais démentie de ses intuitions personnelles a toujours su s’appuyer sur les solides intuitions de Vatican II, auquel il avait eu la grâce de participer comme jeune évêque polonais. Jean Paul II a fait irruption sur la scène mondiale de façon inattendue lors du conclave, le 16 octobre 1978. Comme le dira le cardinal Ouellet, il n’aura cessé d’étonner le monde, de mobiliser les médias, de rassembler les grandes foules, de dialoguer avec tous les chefs d’Etat et de galvaniser les jeunes générations en quête d’amour et de sagesse
Bien des facettes de sa personnalité et des actes de son long pontificat restent encore à éclairer. Je m’y suis employé en le suivant pas à pas dans grandes textes de ses 27 ans de pontificat : 14 encycliques, 14 constitutions apostoliques, 15 exhortations apostoliques, 29 motu proprio, 45 lettres apostoliques… On a calculé que la publication des documents intégraux de son pontificat représentaient l’équivalent d’une bibliothèque de 130 livres de 200 pages.
Mais comme l’a suggéré Benoit XVI lors du 20e anniversaire du pontificat de Jean Paul II, plus que les gestes symboliques, il est important de mettre en évidence l’unité entre le mystère et la personne de Jean Paul II. Je rappelle néammoins quelques textes ayant imprimé sa marque au dernier quart du XXe siècle :
1978 : un premier message au monde « n’ayez pas peur ! » qui frappe les esprits, lors de sa messe d’intronisation. Tout est déjà dit : fidélité au concile Vatican II et attention au monde
1979 : une première encyclique, Redemptor hominis, qui sonne comme un programme : unir service de l’homme et mission de l’Eglise. Ce sera constant chez lui : l’homme, l’homme, l’homme, ne cessera t il de répéter
1980 : une première visite en France, avec une interpellation : « France, es tu fidèle à ton baptême ? » lors de la messe à l’aéroport du Bourget. Une façon de réveiller les chrétiens et ne pas se résigner à une sécularisation de la société
1981 : le 13 mai, alors qu’il achève son tout habituel de la place st Pierre, le pape est victime d’un attentat : le pape dira qu’il aura expérimenté la force de la prière et qu’il est devenu débiteur de la très sainte Vierge Marie. Au péril de sa vie, de sa santé, il ne cessera par la suite de rendre témoignage à la vérité et à l’amour du Rédempteur
1981 : on découvre que le théologien moraliste renommé, connu des spécialistes ecclésiaux depuis le concile, sait aussi s’adresser aux autorités publiques comme il le fait à l’une des instances des Nations Unies, l’OIT, pour demander le respect du sens de la vie humaine dans le travail et appelant à de nouvelles solidarités, surtout vis-à-vis de ceux qui souffrent des injustices, les chômeurs, les jeunes sans travail, les gens dans les pays du Sud qui sont exploités et il demande à tous une vraie liberté syndicale
1983 : c’est sa première visite à Lourdes pour la fête de l’Assomption et il invitera à être fidèle au message de Lourdes, j’en reparlerai
1984 : il défend les droits de la liberté religieuse et se prononce pour la poursuite du dialogue œcuménique
1985 : 250 000 de 60 pays répondent à son appel pour les premières JMJ à Rome. Une « génération Jean Paul II » va se former
1986 : il revient en France sur les pas d’Antoine Chevrier, le fondateur du Prado, du curé d’Ars et de François de Sales. Mais on retiendra surtout la célèbre rencontre interreligieuse d’Assise, le 27 octobre, sur laquelle j’ai réalisé mon premier livre de théologie, Assise capitale la paix
1987 : le pape, qui croit aux vocations sacerdotales, encore aussi les laics en un synode prometteur
1988 : les voyages à travers le monde se succèdent : Amérique Latine, Autriche, Afrique, institutions européennes… sans pouvoir aller malheureusement au Vietnam
1989 : après la chute du Mur de Berlin, le pape « vainqueur du communisme » comme on dit déjà, reste prudent et reçoit Michael Gorbatchev au Vatican en appelant à un engagement commun en faveur de la paix et de la collaboration dans le monde. Le pape prone la collaboration, pas l’affrontement, tout en rappelant que le respect de Dieu et de l’homme vont de pair
1990 : cet engagement pour la paix est aussi perceptible dans le traditionnel message du premier janvier où il déclare que la crise écologique est d’abord le reflet d’un problème moral, invitant chacun à œuvrer de façon responsable pour le respect de la Création
1991 : lors de son voyage en Pologne, il donne en exemple son Eglise, en montrant combien elle avait souffert avec la nation – et pas contre elle. Comme gardienne des valeurs morales des nations, l’Eglise représente dans de nombreux pays la seule route possible
1992 : il réhabilite Galilée, jugeant périmée l’opposition entre science et foi. L’Eglise n’est pas ennemie du progrès, à condition que celui-ci soit au service de l’homme
1993 : horrifié par la guerre dans les Balkans en Europe, il lance un appel à la paix mais il exprime aussi en Afrique sa compassion pour les victimes du SIDA
1994 : Jean Paul II oriente toute l’Eglise vers le Grand Jubilé de l’an 2000, cherchant aussi à ce que l’on fasse mémoire de tous les martyrs de la foi. L’Eglise est riche de ses saints et bienheureux, connus ou inconnus et doit aussi faire repentance, reconnaître ses propres fautes
1995 : il défend le caractère inviolable de la vie dans une encyclique et cherche à relancer le dialogue œcuménique mais il écrit aussi à toutes les femmes du monde, en voulant promouvoir la condition féminine
1996 : il ordonne 1500 prêtres à la Toussaint et fête les 50 ans de son ordination sacerdotale, il revient pour la 6e fois en France
1997 : il proclame non sans audace la « petite Thérèse » docteur de l’Eglise, en la proposant comme modèle de foi, de femme, de jeune, de contemplative
1998 : c’est au tour de sa philosophe préférée Edith Stein d’être canonisée, et il souligne avec son encyclique Fides et ratio, l’importance qu’il accorde au dialogue entre la foi et la raison
1999 : il envoie deux lettres, l’une aux artistes, l’autre aux personnes âgées. Avec lui, personne n’est oublié. 2000 : lors de son voyage en Terre Sainte, il ne craint pas de rappeler les origines abrahamiques du christianisme : la fidélité à Dieu et la fidélité aux commandements est aussi une fidélité à nous-mêmes
2001 : après les attentats du 11 septembre, il apparaît comme un vrai rassembleur de l’humanité, appelant chacun au calme, à la paix, à la prière. Il réinvite à Assise les représentants des religions.
2002 : il ouvre l’année du Rosaire en marquant sa dévotion personnelle à la Vierge Marie pour la partager à l’Eglise toute entière : « j’ai confiance en toi Marie, et je te le déclare une fois encore » dira t il. Marie nous aide à contempler le vrai visage du Christ.
2003 : le pape peut déjà mesurer le long chemin parcouru à l’occasion du 25e anniversaire de son pontificat : Jean Paul II offre sa propre vie
2004 : cela se manifestera encore plus lors de sa visite à Lourdes, ployant sous le poids de la souffrance, difficilement audible, il encouragera encore les malades, les jeunes, les femmes, ces « sentinelles de l’Eglise », avant de s’abandonner dans les mains du Seigneur l’année suivante où sa lettre aux prêtes pour le Jeudi Saint peut être considérée comme une part de son testament spirituel : toute existence doit être marquée par le don de soi, la mémoire de la présence de Dieu dans nos vies et la réponse à l’attente de sa venue
Certains ont retenu de cette vie intense les dernières années de « l’athlète de Dieu », son long combat contre la maladie. J’ai eu l’honneur de concélébrer à Lourdes en 2004 avec lui – ce fut extrêmement émouvant - et comme aumônier principal de l’accueil Notre Dame pendant le Pèlerinage National, je ne manque pas de prier dans la chambre où il était accueilli comme malade
Son destin hors du commun et son audience exceptionnelle, autant auprès des grands de ce monde que des personnes les plus humbles, invite à ne pas réduire trop vite la multitude des façons d’aborder son héritage. On ne peut réduire sans risque sa vigoureuse recherche d’une cohérence dans la foi chrétienne, d’une vie de prière intense ou d’un engagement social renouvelé. C’est pourquoi je m’honore de célébrer avec vous la mémoire de ce grand saint qui aimait votre pays et reste encore à découvrir pour beaucoup.
Père Jean François Petit, aa
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